Je trouve qu'on utilise trop le mot "trop", de nos jours.
C'est trop bien!
C'est trop naze!
C'est trop bon!
C'est trop loin!
C'est trop drôle!
C'est trop gentil!
Il est trop mignon!
Et le pire que tout : j'aime trop!
Keskiya? On a peur de l'excès? Je crois, si je me rappelle bien, que le mot "trop" indique l'excès, avec en plus cette arrière-pensée chafouine que cet excès est poliment malvenu, voire carrément indésirable un peu comme dans "J'ai trop bu, je crois que je vais vomir".
Encore, le mot "trop" suivi d'autre chose, ça peut passer : "il est trop bien pour moi", "c'est trop joli pour avoir été écrit par ce décérébré", "Je suis trop gentille de ne pas mettre une baffe à ce naze", ou encore : "Je t'aime trop pour ne pas avoie envie de te tuer".
Ca, ok.
Mais comment est-ce qu'on peut avoir tout simplement trop d'un truc positif? "Oh, chuis trop heureuse, aujourd'hui, va falloir que ça change" ou alors "mon coeur, je suis trop amoureuse de toi, je vais te tromper pour rétablir l'équilibre"...
NON AU TROP! Moi je veux n'en avoir jamais assez, et que ce soit génial, magnifique, merveilleux, que ce soit énorme, démesuré, galactique, gigantesque, infini, dinosauresque, indicible, voire impossible, mais je ne veux jamais atteindre le Trop...
Quand on en a trop, c'est qu'on n'en a pas donné assez.
... J'en ai trop à donner.
(et "Dante's Prayer" de Loreena McKennit, c'est pas le truc à écouter dans ces moments-là)