Je t'écris cette lettre, que tu ne liras jamais, pour le plaisir de répéter ces mots qui me hantent, que j'aimerais t'écrire, te dire, te chanter, te
chuchoter...
Chuchoter... C'est une façon de parler tellement
tendre, intime, sensuelle... La voix est si basse, on est obligé de se rapprocher pour l'entendre, mes lèvres effleurant
ton cou, cette peau douce sous ton oreille que caresse ma voix susurrante... Comme si chacun de mes mots était un
baiser posé directement
sur ton coeur... Un moyen de parcourir tes rêves pendant que ma main parcourt ton visage détendu, confiant, presque
fragile...
Dis, tu t'en souviens, de cet instant, où la planète nous a bercés, où le ciel nous a souri, où le vent nous a chanté ses plus belles chansons d'amour, dis, tu t'en souviens, cet instant où, l'un contre l'autre, ta main serrant la mienne, tes yeux caressant les miens,
nous étions heureux?
Elever la voix percerait cette
bulle de douceur qui s'est installée, qui nous élève hors du monde, et nous le montre dans un halo irisé, étincelant, comme si un peintre céleste avait trempé son pinceau dans ton coeur, sur ta bouche, sur tes yeux, pour remplir le monde de
couleur et de chaleur...
Chuchoter, pour te dire toute la
musique que tu fais naître en moi, cette
mélodie douce-amère inlassable, comme un bruit de fond permanent qui ne me quitterait jamais, parfois imperceptible, parfois assourdissante, mais qui emplit toujours mon univers...
Pour te dire ce
coin d'été dans ma tête, ce soleil qui brille même sous la pluie de mes larmes, qui me réchauffe même quand j'ai froid au coeur, quand j'ai
froid de ton absence...
Pour te dire l'
océan de tendresse que tu fais naître en moi d'un mot, d'un geste, d'un
sourire... Un océan où surgissent les sirènes, les fleurs, les perles de mon
désir, cette chatoyante cacophonie quand nos peaux se rencontrent, glissent l'une contre l'autre, se reconnaissent...
Cette
brûlure de l'âme quand je m'imprègne de ton odeur, quand je m'enivre du
parfum de ta peau, de ta chaleur, de ta douceur, à tel point que l'alcool me dégriserait, à tel point que je vois les étoiles en plein jour, que j'entends fredonner les fleurs, que je sens
le goût de ton coeur...Cette impression de retrouver une
partie de moi-même quand je suis dans tes bras... Cette impression que mon corps reconnaît le tien, qu'ils ne forment qu'un, que j'ai enfin retrouvé tout ce qui me manquait, ce morceau de moi si important, si vital qu'avant toi, je ne vivais pas, je survivais, comme une
étoile de mer incomplète essaie de se reformer...
Ce
mal de mer permanent, ce malaise si délicieusement insupportable, sentir mon coeur qui bouge, tourne, retourne, et fait remonter tous mes mots, malgré moi, ma
peur, ma
tristesse, mon
rire, mon
rêve, chaque fois que tu joues avec mes
sentiments...
Te dire enfin ce
vide en moi quand tu n'es pas là... l'impression de ne pas exister, que le monde n'existe pas, un
sinistre décor peint à la va-vite par un peintre en bâtiments sous-payé... Ce froid à l'intérieur, cette
glace autour du coeur quand je n'ai pas de nouvelles... Cette
faim immense, maladive, désespérée, boulimique, de te voir, t'entendre, te sentir, te toucher... Cette impression de ne plus rien voir quand
ton sourire ne m'éclaire pas, toute sensation inutile quand tu n'en es pas l'objet...
Un
cri silencieux qui m'étouffe, m'ébranle, m'assomme...
Chuchoter enfin, tout doucement, tout tendrement, chuchoter tout contre tes
lèvres, mon amour, ces mots si simples et si
désespérés, si doux et si blessants, si ridiculement plats et pourtant si riches, qui te livrent
mon coeur sur un plateau d'argent:
J E T' A I M E . . .