Lundi 4 décembre 2006 à 17:45

- Musique prochainement sur cette page quand j'aurai récupéré mon PC! -

J'adore cette chanson. Déjà, l'originale chantée par Brel est magnifique, si belle et si triste...

"Moi, je t'offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas"

Extraordinaire, isn't  it? Une image si tranquillement bouleversante, qui exprime un amour, une dévotion si profonds... Imaginez un instant que quelqu'un vous dise ça, avec autant d'intensité... Il y a de quoi s'évanouir, non? xD

Cela dit, je me demande souvent si ça existe, un amour pareil, ou du moins, s'il est possible d'être aimé de cette façon (puisqu'on a tous l'impression, quand on aime, d'être le/la seul(e) au monde à éprouver des sentiments si forts...) ...

L'originale, donc, était bouleversante, mais que dire de celle-ci, avec la voix cassée de Ray Charles qui semble encore plus nous renvoyer à nos propres chagrins jusqu'à ce que, pour peu qu'on soit un rien déprimé, la gorge se serre, les larmes retenues montent aux yeux, et un irrépressible besoin de s'apitoyer sur son sort se fait jour... (Je parle ici de chagrins d'amour, ça risque de beaucoup moins bien fonctionner si vous pleurez sur votre pitoyable bulletin de notes ou sur le sort du dernier cadeau que vous ayez offert, retrouvé au fond d'une poubelle anonyme...)

Je préfère aussi cette version pour cette légère nuance de traduction qui transforme "Ne me quitte pas" en "If you go away"...

"Ne me quitte pas", c'est une prières non déguisée, un appel, une demande, c'est une tentative pour retenir par la manche celui qui s'en va (et qui essaie depuis un bon moment de retirer sa manche d'un air agacé).

"If you go away", "si tu t'en vas", est une constatation, une acceptation des faits malgré tout.

"If you go away, as I know you must,

There will be nothing left in this world to trust"

C'est la douleur profonde mais qui malgré tout laisse l'autre libre de son choix, même si le fait d'énumérer les conséquences de la rupture sur un petit coeur fragile est une forme de supplication, celle-ci est plus subtilement exprimée.

Mais surtout, malgré la douleur, la tristesse, la souffrance de la séparation, c'est le respect de l'autre, c'est l'amour qui préfère savoir l'autre heureux même loin de soi, même avec quelqu'un d'autre que soi.

"Il faut laisser les gens venir et repartir.

Même Elle?

Surtout Elle.

La plus grande preuve d'amour que tu puisses lui donner est de lui laisser sa liberté."

Bernard WERBER, Le Livre du Voyage

"Certes, ce sentiment

Qui m'envahit, terrible et jaloux, c'est vraiment,

De l'amour, il en a toute la fureur triste!

De l'amour - et pourtant il n'est pas égoïste!

Ah! Que pour ton bonheur je donnerais le mien,

Quand même tu devrais n'en savoir jamais rien,

S'il se pouvait que parfois j'entendisse

Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice!"

Edmond ROSTAND, Cyrano de Bergerac

(Lisez Cyrano, c'est une histoire d'amour belle et déchirante, mais dont le style léger et élégant nous empêche de pleurer pour simplement nous émerveiller...)

Peut-être en effet, la plus grande preuve d'amour est-elle d'accepter le désamour de l'autre, et de préférer sa liberté à notre propre confort...

Dans ce cas, est-ce être égoïste que de ne pouvoir l'envisager sans chagrin?

Vendredi 1er décembre 2006 à 17:27

Waouh, je viens d'apprendre que l'adultère est un acte illégal! (comme quoi, on apprend quand même des choses en cours)

Les époux, dixit le Code Civil, "se doivent assistance, protection, [...]" blabla, blabla et... "Fidélité"! La loi poussant la prévenance jusqu'à se préoccuper des futurs cocus, c'est trop touchant... xD

(Je me demande si on aura un jour une loi concernant la fréquence, la durée et la qualité du devoir conjugal... ;p)

Je comprends mieux, du coup, la fréquence, voire la banalité, des relations adultérines... Adultérines... Dieu que ce mot est laid! Véritablement affreux, en regardant bien, médical, voire judiciaire! Alors qu'il existe des mots si ravissants, comme "papillonner", "libertinage", "fredaines"... "adultérin", ça sonne comme un rapport d'autopsie sur un infanticide...

Bref, je comprends mieux cette tendance, disais-je avant que l'esthète en moi me coupe la parole: braver un interdit moral doublé d'une menace d'illégalité, je ne vois pas qui résisterait à croquer à pleines dents ce joli péché aux troubles fragrances de liberté dérobée... Pourvu que le fruit soit doux!

"[...]

Embrasse-les tous, embrasse-les tous, Dieu reconnaîtra le sien

Passe-les tous par tes armes,

Passe-les tous par tes charmes,

Jusqu'à c'que l'un d'eux, les bras en croix

Tourne de l'oeil dans tes bras!

Des grands aux p'tits, en allant jusqu'aux Lilliputiens,

Embrasse-les tous, embrasse-les tous, Dieu reconnaîtra le sien!

Alors toutes tes fredaines

Guilledous et prétentaines

Tes écarts, tes grands écarts

Te seront pardonnés car

Les filles quand ça dit "Je t'aime"

C'est comme un second baptême,

Ca leur donne un coeur tout neuf

Comme au sortir de son oeuf."

Georges BRASSENS, Embrasse-les tous (enfin, je crois)

Vendredi 1er décembre 2006 à 17:12

"Chanson juste pour toi

Chanson un peu triste, je crois...

Trois temps de mots froissés,

Quelques notes et tous mes regrets

[...]

Tous mes regrets de nous deux

Sont au creux de ma voix

Comme do-ré-mi-fa

Sol-la-si-do-C'est une chanson en souvenir,

Pour ne pas s'oublier sans rien dire

S'oublier sans rien dire..."

Carla BRUNI, Chanson triste

(Nettement moins peachy que ne le laissait malhonnêtement entendre le titre, je sais... J'adore vous décevoir...)

Il y a des moments où je voudrais chanter, sans complexes, jusqu'à me péter les cordes vocales, jusqu'à en perdre la voix et la conscience, chanter le plus fort et le plus sauvagement possible, pour tout oublier.

J'aimerais faire craquer, détruire ces barrières qui m'empêchent d'exprimer ce que je ressens, qui brisent ma voix et font couler mes larmes quand j'essaie... (vous avez essayé de chanter en pleurant et hoquetant comme un veau? Autant essayer de siffler la Traviata pendant un 400m-haies olympique...)

Je me suis rendue compte qu'il y a une grande différence entre être rêveur et avoir des rêves... Je suis rêveuse quand j'ai la tête dans les nuages, les yeux dans le vague, quand je m'échappe de la réalité pour quelques instants (sans substances que la société réprouve, parfaitement!), une bouffée de fraîcheur dans un présent sentant furieusement le renfermé...

Cela dit, j'ai beaucoup de rêves dans la tête, qui me rattachent à la réalité parce que je sais qu'ils ne se réaliseront probablement jamais, et sont plus faits de regrets inutiles qu'autre chose...

Mon plus beau rêve (à part le décès prématuré de tous les membres masculins de plus de 50 ans de ma famille proche, une histoire d'amour belle et/ou normale, être heureuse et savoir chanter, entre autres), c'est de posséder une église. Oui, oui, une église! C'est pas que je donne dans la bigoterie et autres bondieuseries diverses, hein! Il y a des gens qui achètent des lieux de culte désacralisés pour en faire des habitations, des musées, voire des boîtes de nuit... (c'est classe, mais vive les notes de chauffage et d'entretien! Je plains ceux qui doivent se taper les carreaux...)

Mais une église à moi, avec cette merveilleuse acoustique caractéristique de ces vénérables antiquités gothiques (que de tiques), pour y chanter à l'abri des oreilles indiscrètes, c'est un rêve si merveilleux que j'en ai les larmes aux yeux! (bon, ça suffit les rimes à 2 balles)

La voix s'élève dans le silence, l'écho en masque charitablement les imperfections, et on a presque l'impression de pouvoir chanter en harmonie avec soi-même...

Imaginez le Miserere d'Allegri (prochainement sur ces pages quand j'aurai le quoi, le qu'est-ce, le comment et le temps), ces notes pures remplissant sans effort tout l'espace, jusqu'à ce que la voix nous entoure comme un cocon protecteur...

J'imagine bien les gros titres dans les journaux: "Mort mystérieuse: La propriétaire de l'église désaffectée retrouvée décomposée en milliers de notes; la thèse du suicide lyrique n'est pas écartée"

Ca c'est une mort qui aurait de la classe!

...

Ca se voit que je subis un cours super passionnant? Tendons l'oreille:

"Quels sont les obstacles juridiques à la désignation bénéficiaire des associations?"

Argh. Rien de tel pour remonter un moral dans les chaussettes qu'un cours d'assurance-vie. Tout de suite, les petits soucis de la vie, les problèmes du monde, ruptures amoureuses, maladies, guerres, se trouvent curieusement relativisés et presque mesquins par rapport à l'exubérante cruauté de ce genre d'épreuve qui soumet le cerveau humain à un ennui si destructeur qu'entre deux vérités professorales assénées avec le sadisme tranquille et gratuit de Celui-Qui-Sait (et qui est déjà passé par là), on entend presque les cris de douleur des neurones génocidés par milliers dans l'indifférence générale. Respirez.

... Encore 20 minutes avant la pause...

Tiens, mon téléphone vibre, me rappelant ainsi que la vie suit son cours à l'extérieur de ces murs blancs, propres et même ornés, pour ne pas tomber dans le cliché de roman larmoyant (où les décors sont couramment sombres, suintants et décrépis. Je me demande d'ailleurs si les histoires d'horreur ne seraient pas plus effrayantes dans un décor coquet et pimpant plutôt que dans une vieille baraque vermoulue au fond des bois? A voir, transformer "Freddy contre Jason" en "Freddy et les trois ours" ou "Freddy chez les sept nains"...).

Je me prépare mentalement à la déception, sachant que la seule personne dont je souhaiterais de tout mon coeur un appel ne se manifestera pas, et je vérifie. L'espoir n'est pas déçu, la déception est bien au rendez-vous.

... Encore 19 minutes avant la pause...

Certains autour de moi ont succombé, le regard vide ou les yeux clos, la bouche ouverte, l'écume au lèvres, dans le silence rempli de sang et de larmes métaphoriques. Le professeur achève sans pitié les blessés et les agonisants de son sourire vainqueur et de ses questions sournoises, tandis que nos rangs s'éclaircissent, les têtes tombent et roulent sur les tables...

Je m'accroche d'une main résolue à mon stylo, la feuille remplie de mes élucubrations me tient lieu de bouclier, une seule pensée farouche me guide et me maintient debout: la vie, les profs, les gens, les rêves, les déceptions... Vous ne m'aurez pas. Pas encore. Pas sans combattre...

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