Samedi 9 décembre 2006 à 15:19

J'adore découvrir la beauté dans les coins les plus inattendus, dans les décors les plus banals, sordides ou vulgaires, là où on ne l'attend pas et où elle ne ressort que mieux...

J'adore suivre du regard le pas félin d'un gracieux et athlétique promeneur dans une sombre ruelle perdue de Paris...

J'adore découvrir deux émeraudes fascinantes dans le visage on ne peut plus quelconque d'un passager dans un métro bondé...

J'adore voir tout l'or du soleil couchant se refléter sur un immeuble de verre, et se détacher en rubans dorés sur le gris orageux du ciel et les bâtiments décrépits de Barbès...

J'adore contempler le sourire qui s'épanouit sur un visage sérieux et austère...

J'adore entendre le rire spontané et sincère de celle qui sourit toujours trop poliment...

Finalement, même dans une journée quelconque, même quand le coeur est lourd, même si l'angoisse nous bouche la vue, la vie offre de belles choses qu'il nous appartient de remarquer ou pas...

"Quand on n'a que l'amour
Pour parer de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs"
Jacques BREL, Quand on n'a que l'amour

(pas grand chose à voir, mais j'aime cette chanson, et particulièrement ce passage si imagé qui me rappelle toujours mon émerveillement devant le voile doré du soleil posé sur Barbès hier... Quand on n'a plus l'amour... Ben on fait avec! - enfin, sans...)

Samedi 9 décembre 2006 à 15:07

(Encore une fois, titre sans rapport, sauf peut-être le mot "métro"... waw.)
(Texte écrit avant-hier debout dans le métro entre deux reniflements et trois larmes. Oui, j'aime les défis.)

Une scène curieuse tout à l'heure dans le métro... Un mec rentre (non, c'est pas encore là le truc curieux) et commence son habituel laïus éthylo-lacrimophile pour demander des sous. Il se pose juste face à moi, qui étais pour l'heure occupée à ruminer maussadement de sombres pensées... Je devais avoir une tête singulièrement antipathique car, le sentant me fixer, je relève les yeux et lui fais ce qui pour moi était un gentil sourire mi-compatissant, mi-encourageant (mi-"j'ai pas de thunes à te filer", mais c'est une autre histoire, et t'façon, ça fait un mi de trop.), mais qui a eu pour curieux effet de lui faire détourner le regard, puis carrément déguerpir à l'autre bout du wagon... (Miroir, mon beau miroir, suis-je si effrayante? - J'sais pas, jpréfère pas vérifier. - Merci. :s )

Il se sauve, donc, au grand dam d'un vieux monsieur entré peu après lui, l'air sympathique et hors d'haleine.

(Note: écrire quelque chose de lisible debout dans le métro avec un conducteur qui a dû être formé au Space Mountain, c'est quand même une sacrée expérience. Un peu comme rouler en Twingo sur un terrain de motocross avec un pilote de rallye au volant. J'avais jamais remarqué qu'il y avait des nids-de-poule sur les voies du métro, jusqu'à aujourd'hui...)

Ce vieux monsieur, donc - vous suivez ? - semblait poursuivre notre effaré effarouché d'un étrange zèle... La vue d'une pièce d'1€ dans sa main (au milieu d'un parapluie et de 36 sacs et sacoches) dissipa brusquement les brumes ancestrales qui m'obscurcissaient le cerveau, et je compris: ça faisait je-ne-sais-combien de stations que le vieux cherchait à donner sa pièce sans parvenir à attirer l'attention de l'autre, même en l'appelant et en lui tapotant l'épaule. (O_o)

Station suivante (quel périple haletant, non?), le quidam ayant fui sans se retourner dans un autre wagon, le vieux monsieur le suivit d'une pénible course claudiquante et en soufflant comme un boeuf qui a fait le Paris-Dakar en traînant son véhicule derrière lui à travers le désert . (et alors, si j'aime bien les images invraisemblables à rallonge, ça me regarde, non? xp)
Remarquable ténacité de celui qui a décidé qu'il serait généreux aujourd'hui quoi qu'il lui en coûte.

Pour tout dire, c'était plutôt marrant! xD Mais je n'ai pas pu m'empêcher de me demander pourquoi une telle fuite du quémandeur, et comment il avait pu ne pas remarquer le vieux qui lui courait après... Paske être moins discret aurait été carrément difficile, à moins de lui barrer le passage fringué de paillettes, un sifflet à la bouche et en jouant de la grosse caisse (le vieux avait manifestement omis ces accessoires si indispensables à toute bonne action spontanée)...

Que fuyait donc cet homme dans le besoin?

- Le vieux sollicitait-il pour prix de son aide des services indécents? ou illégaux? (ou les deux?)
- Le mec faisait-il une allergie aux plus de 60 ans?
- Le vieux était-il en fait un agent des services secrets chargé de l'éliminer au moyen d'une pièce empoisonnée ou électrifiée? (à en croire les bouquins et les films d'espionnage, ça arrive partout tous les jours)
- Le mec avait-il décidé d'énerver celui qui se voyait déjà "bienfaiteur" en refusant ostensiblement et avec hauteur cette manifestation de générosité bien-cher-frèriste?
- Etait-il vexé par le mesquin montant du don?

Mais d'autres hypothèses peuvent être envisagées:
- Peut-être les deux se connaissaient-ils personnellement, d'où un certain pudique embarras?
- Peut-être le vieux était-il le père de l'autre?
- Peut-être le fait de quémander dans le métro était-il une façon de protester contre le maigre argent de poche alloué, conduisant son père à le réévaluer (d'où la pièce de 1€)?

Ou encore, peut-être le vieux lui avait-il mangé son pain au chocolat sans faire exprès, ce qui l'avait vexé, et il serait parti dans le métro demander de quoi en acheter un autre (ben oui, il avait faim), en boudant le vieux trop gourmand?

Il y a tant d'autres explications... (surtout quand on a un verre dans le nez)
J'aime bien le métro, en fait! ;p

Mercredi 6 décembre 2006 à 22:01

Vous avez déjà essayé de retirer tout l'air d'un emballage en plastique? d'écraser une bouteille d'eau? De rouler avec un pneu éclaté?

Si oui, vous imaginez certainement le bruit répugnant (genre "crrrrouik"), et la sensation déplaisante qui m'ont envahie tout à l'heure en sentant mon coeur se recroqueviller sur lui-même... Trrrès désagréable, indeed.

C'est un vilain sentiment, que celui qui m'a étreinte, il porte un nom très laid, et pourtant, je suis sûre que tout le monde l'a ressenti au moins une fois, comme tout le monde découvre son ombre en s'exposant au soleil... Mais, si banal qu'il soit, on s'y habitue pas, curieux, non? On se sent d'un coup à la fois triste, et très stupide (et un tout petit peu énervé, mais vraiment un ptit peu, hein)...

Ai-je une tête d'ahurie? O_o C'est la question qui me trotte dans la tête depuis tout à l'heure...
(nan, soyez gentils, répondez pas, laissez-moi quelques illusions, merde quoi!)

Ai-je une tête d'ahurie? disais-je avec un rien de perplexité existentielle. Ai-je la tête de celle dont on peut se foutre royalement, ai-je une tête d'idiote du village, mon faciès innocent arbore-t-il cette tranquille bêtise ordinairement apanage des vaches et des mannequins professionnels mononeuronaux? (je me permets le pléonasme parce qu'après tout, y a pas plus de crétins congénitaux parmi les mannequins que parmi les présentateurs télé, soyons juste)

En bref et pour faire court (nan, n'espérez pas, c'est raté, vous avez sans doute remarqué à quel point j'aime étaler mes états d'âme... ;p), ai-je la tête de la fille à qui on peut raconter n'importe quoi, de qui on peut faire ce qu'on veut sans obtenir plus d'elle qu'un sourire niais et désolé de sa propre stupidité? Qui ne se rebellera jamais, et remerciera plutôt que quelqu'un se préoccupe d'elle?

Honnêtement, j'en sais rien (mais laissez-moi mes illusions, j'ai dit! xD), mais si c'est le cas, ça va changer très vite, parce qu'il se trouve que la fille en question commence à en avoir ras le c... la casquette, qu'on la prenne pour une conne... Je le savais, quand on est gentil, on se fait toujours avoir, j'ai toujours détesté qu'on me dise que j'étais "gentille", pour moi ça voulait dire "conne". Une fois n'est pas coutume, j'avais raison. Eh bien soit, je vais devenir méchante, peste, invivable, on verra si ça marche mieux! ^^

Je sais, je sais, ça fait quelques articles que je ne fais que râler, et ben j'm'en fous! :D Chuis de mauvaise humeur, je vois pas pourquoi le monde n'en profiterait pas! Et puis, c'est une découverte, mais je préfère être de mauvaise humeur, râleuse et en colère plutôt que triste et déprimée, c'est plus tonique, on ne reste pas prostré, ça défoule...

Mais bon, 'tit rayon de soleil qui a redonné un peu de tonus à mon petit coeur plus métaphoriquement abîmé que celui d'un cardiaque cholestérique, j'ai revu Le Bouffon! xD
Le Bouffon, dit aussi "sale Troll" ou "sale bûcheron" ou "sale Breton"ou "Erwan-espèce-de-gros-naze", c'est mon partenaire privilégié pour des duels d'insultes (où nous nous traitons affectueusement de sous-chiure de mouche, de pouffiasse - ça, c'est pour moi - de résidu-de-fond-de-poubelle-de-club-gay-sm et de sous-merde en bas résilles - ça, c'est ce que j'ai trouvé pour lui...) et des duels à coups de journaux dans la tronche... On s'adore, quoi! ;p
Un brillement de ses yeux verts (ravissants, je dois dire), un gentil sourire, une remarque acide dans la tête, je me sens déjà un peu mieux... xD Ca fait plaisir de revoir des amis quand on s'y attend le moins! ^^

"Il en faut peu pour être heureux..." toussa... xD (apparemment, ce "peu" est dans certains cas déjà trop, mais bon, on fait avec ce qu'on a...)

Lundi 4 décembre 2006 à 18:28

"Qu'est-ce qu'on s'fait chier.

- Ouais. -

Le monde est trop p'tit.

- Ouais. -

Qu'est-ce qu'on s'emmerde.

- Ouais. -

J'ai plus d'appétit.

- Ouais. -"

Les Têtes Raides, Qu'est-ce qu'on s'fait chier

Je ne remercierai jamais assez un de mes Nains préférés pour m'avoir fait connaître les Têtes Raides et ce qui pourrait devenir l'hymne de ma vie, surtout de ce moment présent où je me fais chier à cent sous de l'heure. (Marrante, cette expression)

- J'me fais chier. -

Je pourrais écrire ça sur des pages et des pages, en toutes tailles, formes, polices, couleurs possibles, sans parvenir à rendre (notez l'orgueil de l'auteur qui refuse de croire qu'elle pourrait saouler ses lecteurs - si elle en avait.) cette intense sensation d'ennui d'une si particulière qualité, cet ennui de quand on a des dizaines d'idées pour occuper son temps, mais qu'on est obligé de rester le cul sur une chaise inconfortable à écouter un quidam surpayé nous gaver d'un savoir encyclopédique qui nous servira probablement autant que la connaissance de l'anatomie du Sphinx Tête-de-Mort à un expert-comptable.

Youpi.

J'ai déjà mentionné le fait que je me faisais chier pire qu'un rat crevé?

Parce que, curieusement, ma poulpesque apathie matino-déprimée a fait place à une immense impatience, impatience de je-ne-sais-quoi, d'ailleurs, puisque je n'attends rien, et dont l'incongruité n'a d'égale que la fébrilité qu'elle génère.

Exit les geignements pathétiques de la vache qui vient de perdre son amie intime parce qu'on a retiré le miroir qui lui faisait face, la révolte gronde.

Impatience, fébrilité, révolte, et une sorte de colère latente dirigée contre le monde entier et qui ne demande qu'à s'exprimer, je crois que le coup va partir avant la fin de la journée. J'ai envie d'agresser quelqu'un, j'attends celui qui viendra pour se ramasser sur son anthropoïdal faciès sottement ricanant les semi-vérités et cuisants mensonges que je sens frémir sur mes lèvres.

Parfaitement, j'ai envie de violence (verbale, restons civilisés, sauf si l'autre insiste) gratuite, de me lever, de renverser ma table d'un coup de pied, d'exprimer toute ma haine à celui qui me pourrit la vie, de réduire en cendres dans les flammes de ma colère tout ce qui m'étouffe et me ronge...

Pause.

Pause-salle info. Je vais sur Internet. Le choc, les larmes qui me montent aux yeux, et le premier emmerdeur de la journée qui vient me saouler. Ok, mon gars. Une sommation... deux (chuis trop gentille)... Paf! Première baffe de la journée! Je crois que c'est la première fois de ma vie que je baffe consciemment quelqu'un. Je crois que je vais y prendre goût. Et je suis toujours bouleversée, le chagrin ravivé, il y a des sites qu'on devrait jamais visiter dans cet état... Un volontaire pour se prendre une baffe?

Fin de la pause, des fiches circulent pour le trombinoscope de la promo. On doit écrire des commentaires sur nos camarades adorés que nous subissons depuis bientôt 3 ans, quelle  heureuse idée! Ca tombe bien, je suis pile dans l'état d'esprit adéquat. Allons-y...

A. :

Hobby: Masturbation intellectuelle;

Commentaires: Activité intellectuellement sexuelle intense; Un grand talent pour mettre les nerfs non pas en pelote mais en dentelle au crochet; bref, incontournable, surtout au féminin.

(Je suis trop désespérément diplomate, en fait)

 

C.:

Hobby: se plaindre

Commentaires: Critique et self-esteem sont les mamelles (conséquentes) de la demoiselle.

Ca, c'est fait. Attaquons les autres...

Note: En revoyant passer les feuilles complétées, je ne peux m'empêcher d'être touchée par l'amitié fraternelle qui transpire de ces petites phrases mesquinement venimeuses, c'est beau l'amitié dans une promo... A noter qu'on m'attribue comme hobby: "Cynisme" et comme commentaire: "un humour aussi noir que son sourire est éclatant." Pas mal.

Lundi 4 décembre 2006 à 18:04

"Il pleure dans mon coeur

Comme il pleut sur la ville"

Paul VERLAINE, Il pleure dans mon coeur

En effet, il fait un temps dégueulasse aujourd'hui, dehors comme dedans. Dehors, le ciel se déverse sur nos têtes innocentes, il s'est doté d'un couvercle de plomb si bas qu'un canal s'est perdu, si lourd et si indécemment gris qu'on a l'impression qu'on ne reverra jamais le soleil, sinon à la télé.

Dedans, le coeur est lourd, froid et compact comme un tas de barbaque abandonné dans un frigo, des nuages entourent le cerveau d'un voile gris de déprime et affadissent les couleurs (déjà pas top sous cette lumière automnale de bloc opératoire désaffecté) du monde qui m'entoure, le corps est pesant, les sensations émoussées, je flotte dans un brouillard cotonneux d'insensibilité, prête à envoyer chier le monde entier avec le sourire... Presque agréable.

La pluie pleure pour moi, roule sur mes joues, c'est cool de sentir la compassion du ciel, le chagrin exprimé sans faire couler le maquillage... Les larmes tombent dans les rues, noient Paris, remerciez-moi ou maudissez-moi, je suis triste et le ciel pleure, je suis triste et vos brushings impeccables se changent en rats crevés passés dans les mains d'un taxidermiste fou, vos chaussures se remplissent d'eau et font "chouik chouik" à chaque pas, vos vêtements trempés présagent de bons rhumes à venir, sans compter les surfaces mouillées où il est si facile à un pas insouciant de déraper, sous l'oeil rigolard des pigeons, ravis de trouver des êtres à l'air plus stupidement ahuris qu'eux...

Oui, j'ai l'orgueil narcissiquement infantile de noyer Paris sous mon chagrin, mais quoi de plus consolant que de faire gratuitement partager son mal-être au plus grand nombre, même en imagination?

La mesquinerie offre parfois de sympathiques échappatoires...

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