Samedi 23 juin 2007 à 17:59

Une des choses que je préfère dans mon magnifique stage si studieux et enrichissant (ça, c'est au cas où un collègue tomberait ici par hasard... d'ailleurs, je devrais dans ce cas-là renoncer tout à fait à écrire, m'enfin soyons folles, j'aime vivre dangereusement.)

Une des choses que je préfère, disais-je, c'est que les situations rencontrées correspondent tout à fait aux caricatures de la vie en entreprise que j'ai eu l'occasion de parcourir. Le must toutes catégories confondues, quand on travaille dans des bureaux, ce sont les sacro-saintes REUNIONS. Sans réunions, il n'est pas de travail possible et de toute façon, on n'est pas crédible.
Même une réunion concernant les qualités comparées des machines à café du 3ème et du 4ème étage (on dira "benchmark sur la qualité des services internes") sera plus admirable qu'un brevet sur la pierre philosophale à goût de poulet si celui-ci n'a fait l'objet d'aucune consultation. C'est comme ça.

Et dans ces réunions, on a toujours les figures-types :

- le GENTIL NERVEUX : on ne sait pas qui il est, ni à quoi il sert (lui non plus n'a pas l'air de le savoir), il (se) nous perd dans les couloirs de sa propre boîte en s'excusant avec des sourires malheureux, et reste muet sauf pour une ou deux blagues à l'heure du déjeuner, qui tombent à plat dans l'indifférence générale.

- le GROS AFFABLE, CALMEMENT DOMINATEUR et INTELLIGENT : lui, c'est LE boss, l'animateur de la réunion, le maître de maison, le grand marionnettiste. Sous ses airs débonnaires, ses yeux perçants le trahissent, il sait ce qu'il veut, où il veut aller, et il y va en faisant taire les autres avec tact et humour. LE mec intéressant, mais difficile à manipuler.

- L' INTERVENANT : toujours un peu nerveux d'être pendant  plus de 2h la cible des regards, des questions vicieuses et des remarques désagréables, il profite de la moindre occasion de se taire, panique immanquablement quand la technique lui fait défaut (powerpoint en rade, ça vous plombe une réunion), et répond à côté des questions. D'une manière générale, c'est le dindon de la farce, le seul qui en prend plein la gueule.

- le 1er COLLEGUE DE L'INTERVENANT (peut être le supérieur direct) : il fonctionne comme un somnifère. Il n'arrive pas souvent à se faire entendre, mais quand il y arrive, l'atmosphère est tout de suite plus calme, plus apaisée... Il s'enfonce dans des détails inintéressants, s'y perd, bafouille, s'embrouille et joue avec ses mains avant de se taire dans le soulagement général. Muet pendant le reste de la réunion (on se garde bien de lui redonner la parole), il se contente de hocher la tête d'un air entendu à la moindre occasion pour faire croire qu'il suit devant le sourire hypocritement compréhensif de ses vis-à-vis.

- le 2ème COLLEGUE DE L'INTERVENANT (dit "Gillou-les-dents-longues"): brillant, drôle, volontiers charmeur, il connaît son sujet et n'hésite pas à tirer la couverture à lui. Invité uniquement en qualité de "soutien moral", il prend la parole et la garde, devient l'interlocuteur privilégié de tous et fait passer ses collègues pour de ternes faire-valoir au point qu'on se demande ce qu'ils fichent là. Brillamment mondain, il soutient la conversation tout au long du repas et sera le seul dont les invités se souviendront.

- le SYNDICALISTE A CONVAINCRE 1 : de naturel enjoué et heureux de vivre, il se contente de ce qu'il a, en sa méridionale sagesse. S'il fait quelques propositions (au demeurant intelligentes), c'est vraiment pour faire plaisir à ceux qui râlent. Son seul défaut, du point de vue de l'intervenant, reste sa "méridionalité" qui donne une furieuse envie de tout planter là pour une bonne partie de pétanque au soleil avec des pastis à portée de main

- le SYNDICALISTE A CONVAINCRE 2 : le même que le précédent, même accent, n'a rien à dire mais est plus porté sur les critiques. A peu près muet, sauf quelques blagues qui ne font rire que lui.

- le SYNDICALISTE A CONVAINCRE 3 : de naturel spontanément désigné comme "chiant", il s'impose comme le chef de la délégation syndicaliste; il parle beaucoup, râle beaucoup (sur fond de "on m'a dit que"), reste inébranlablement sceptique et imperméable (voire allergique) à toute forme d'humour. Il ne participe au repas que pour sa gratuité et sa qualité (son tour de taille atteste de sa vigilance sur ce point), et montre son désintérêt en passant le plus clair du déjeuner au téléphone. Lyonnais et désagréable, c'est celui qu'on apprécie surtout quand il s'en va.

- le SYNDICALISTE A CONVAINCRE 4 : alors lui, il est contre (con aussi, d'ailleurs). Contre tout et tous. Lui, il est venu pour le dire, il n'est pas content, et il le dit avec le sourire jaune et grinçant qu'il voudrait faire passer pour de l'humour. Il voit la malhonnêteté partout, après tout, il est bien connu que les assureurs sont des voleurs (le fait qu'il en soit un doit d'ailleurs lui poser d'intéressants problèmes métaphysiques). Pinaillant sur des riens, c'est typiquement le genre de mec à compter le nombre de petits pois dans son assiette et celles des voisins pour voir s'il ne se fait pas arnaquer. Tous ses arguments sont périmés, il râle donc qu'il n'a pas été prévenu (c'est un complot contre lui à n'en pas douter). Dangereux par sa faculté de poser LES questions délicates en FIN de réunion. Grr.

- le SQUATTEUR : Il n'est là que parce qu'il connaît tout le monde, mais à voir son visage ennuyé, il regrette de s'être incrusté (bien fait!). Il lance bien deux-trois remarques désagréables pour passer le temps, mais consulte fréquemment sa montre en attendant l'heure de la délivrance.

- le FANTÔME : il pourrait aussi bien ne pas être là, on ne l'entend ni en réunion, ni à table, on ne sait pas qui il est, mais bon, il a l'air heureux d'être là et c'est le principal.

- Le MEC QUI S'EST TROMPE : il part au bout de 10 minutes d'un air affairé sans qu'on en sache le pourquoi, le quoi et le qu'est-ce. Tous les participants l'envient secrètement.

- l'OBSERVATRICE RIGOLARDE : moi, en toute simplicité, planquée derrière mon bloc-notes où je griffonne, d'un air studieux à faire passer mes collègues pour des gamins en récréation, ces quelques mots.

A noter, maintenant que j'y pense, que j'envisage l'ouverture d'un guide Michelin des restaurants d'entreprise, dont voici les premiers extraits :

- SNCF : décor très moche genre Zola au XXième siècle, c'est pas la poussière de la mine mais le plastique couleur rien. Nourriture acceptable compte tenu du prix, self service. en résumé : Bof.

- AXA : idem, décor un peu plus riant, on risque quelques vitres dépolies ici et là, nourriture dans la moyenne. Cependant, les gens, probablement d'anciens moines trappistes, sont curieusement rétifs au moindre bruit, et un accès d'hilarité vous fera vite repérer et montrer du doigt dans les bureaux. A tester quand on n'est pas de chez AXA.

- LA POSTE : Pas mieux. Décor post-moderne style réfectoire de prison pour cas sociaux (il suffit de contempler les occupants), la nourriture est plutôt bonne pour des condamnés à la réclusion perpétuelle. J'ai dû y mettre 2 fois les pieds (cas de force majeure) en 6 mois.

- Salle à manger pour cadres et invités chez MMA : rien à redire. Jolie vaisselle, traiteur excellent, personnel stylé (très agréable d'être la seule représentante de sexe féminin, on est toujours la première servie, et par un joli garçon), je recommande!  A noter cependant une certaine méfiance si l'on vous propose une réunion privée au cours de l'après-midi, après un repas comportant des asperges, du gingembre, des fruits rouges, des amandes et du chocolat (le fait qu'il s'agisse d'aphrodisiaques reconnus est sûrement dû au hasard, mais on n'est jamais trop prudent(e)...)

Par LeChoupChouplevraiHohoha le Dimanche 1er juillet 2007 à 19:48
LOL J'AIME CET ARTICLE !
LOL :D Vrai que bon, ces réunions doivent pas très passionnantes :D
Par http://www.ccommecarole.fr le Samedi 9 juillet 2016 à 9:16
Sans réunions, il n'est pas de travail possible et de toute façon, on n'est pas crédible.
 

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